après avoir écouté des textes de Mohammed el-Katib lus par lui-même à la radio le 20 novembre 2016.

 

je marche une ville habitée de neige et de hiboux
une ville où les morts arpentent le bitume et saluent les vivants
dans un silence âcre désinvolte très
amicalement
plus aucun dieu en résidence chez nous

cette bulle de bruit vague et lumières longues
fugitives très rouges dans la nuit
route luisante
oh toi qui parles un arabe de rose fraîche et de ruisseau
de miroir jeté
oh les phares des automobiles
légère odeur de figues et d’épine et la voix
des enfants des hommes des téléphones
depuis des années personne ne compte plus les jours
seulement les poètes
et quand arrive la mort
on la savait déjà
la mort comme le reste c’est une histoire de départ brut
de migrations

dans cette ville les morts croisent les vivants et
poliment emportent avec eux l’aube ricanante
à l’enterrement le cimetière est bondé de gens et de conseils matrimoniaux
il faut s’asseoir dis-tu, s’asseoir sur la margelle bleue
écouter la prière
écouter dis-tu
la plainte noire et douceâtre
du chat

l’homme a corrigé à la main l’orthographe de la plaque mortuaire
avec un genre de résignation et de fuite
la mer derrière les blocs résidentiels
se tait dans ces jours-là,
la mer se tait dans ces jours où les morts au sourire penché
ouvrent brusquement la bouche et rient