le temps d’un feu

l’étrangère est restée chez nous le temps d’un feu
ses paupières baissées vers l’âtre
là où se levait le vent

sur ses mains brunes l’odeur âcre des friches
langues de la douleur et des serpents
et son regard grand fouillis de racines et d’étoiles
et sa bouche de cèdre et de violence

coquillages  sous les villes et cheveux de foudre
       dedans les loups les visages
l’odeur de seigle et l’oubli des roses
l’histoire longue des exils

à la frontière de nos yeux
elle racontait la mer avec sa voix de givre et d’aurore
sans lever le regard, sans voir nos larmes, sans buter sur les mots
parfois s’écorchant simplement le doigt sur un paysage

à la nuit tombée elle remercia les oiseaux
secoua ses colères déplia son ombre
nous laissa en cadeau pain et sel

poursuivit sa course
géante et délabrée

2 Comments

  1. Merci beaucoup, ça me touche. C'est vrai que je ne mets plus à jour le blog d'exercices… Mais je suis contente que des gens me lisent et apprécient 🙂

  2. J'étais tombée somehow sur ton blog d'exercices poétiques. J'y reviens de temps en temps, et là j'arrive ici. J'avais la poésie en cigarette, j'ai arrêté sans en être fière et j'arrive même à te lire sans me sentir jalouse. J'ai grandi. Tu écris bien — mieux que ça : te lire me donne envie d'écrire. Merci et bonne route.

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