Les revenantes
elles régissent la nuit
ombres difformes sur les chemins
elles sont de passage dans toutes les maisons où naissent
les corbeaux
cherchant la chaleur près de vos feux de camp elles demeurent
à jamais glaciales
arrachées à la fièvre des nuits silencieuses
devenues immortelles à force de murmures
elles rôdent
honorent en silence leur devoir de Gardiennes des Pierres
les cheveux emmêlés par la lune
elles offrent aux arbres leur litanie sourde
adoucissant les pluies
ravivant le givre sous les érables
marquant la forêt de leur étreinte obscure
elles ne sont visibles qu’aux pendus
fragments du crépuscule sauvage
fugitives anonymes
tremblantes au milieu des loups
elles interrompent parfois leur deuil
pour boire aux sources
cueillent un peu de menthe
millénaires elles attendent l’oubli
guettent l’effacement
recroquevillées dans les troncs pourrissants
elles sont leurs larmes
leurs amantes attentives
et grinçantes
De Werner Renfer – Clown
Je suis le vieux Tourneboule,
Ma main est bleue d’avoir gratté le ciel
Je suis Barnum je fais des tours
Assis sur le trapèze qui voltige
Aux petits, je raconte des histoires
Qui dansent au fond de leurs prunelles
Si vous savez vous servir de vos mains
Vous attrapez la lune
Ce n’est pas vrai qu’on ne peut pas la prendre
Moi je conduis les rivières
J’ouvre les doigts elles coulent à travers
Dans la nuit
Et tous les oiseaux viennent y boire
sans bruit
Les parents redoutent ma présence
Mais les enfants s’échappent le soir
pour venir me voir
Et mon grand nez de buveur d’étoiles
Luit comme un miroir