juke-box

Rien n’augurait la disparition
rien ne semblait si précaire,
le fruit la pierre ni le corps —
tu errais comme un fil dévidé dans les tranchées du sommeil

visages, visages

crépitation de la poussière

intestins déversés

visages

l’air tremblait à cause des mouches
et de l’affolement vital du désert
sous le poids de l’orage les organes
se dérobaient comme une aile
maints voyageurs venaient photographier la décharge sacrée
mais sur la pellicule tout disparaissait
le ciel se confondait avec le sable
l’épée se changeait en corbeau

Stop. musique éteinte. remettre une pièce dans le cadavre
pour le voir faire encore un tour
autour du soleil. Un verre de vin, manants, et je m’en vais !

il se raconte
qu’une femme a enveloppé de drap blanc
l’ensemble des trains stationnés en gare de X
il se raconte qu’on meurt à la façon des algues échouées
pour avoir moins peur

Un verre de vin manants, et je m’en vais !
je suis votre chevalier
j’échange à qui veut
ce rouge à lèvres contre un peu de courage
j’ai libéré ma jument de son harnais
depuis je retrouve au fond de mes cauchemars des perles de nacre
et je ne sais plus quelle langue choisir pour parler

j’apprends si lentement
partout des ouvertures, des portes, des échelles
et un grand désir —
Stop.