Carl Sandburg — In the Shadow of the Palace

Let us go out of the fog, John, out of the filmy persistent drizzle on the streets of Stockholm, let us put down the collars of our raincoats, take off our hats and sit in the newspapers office.

Let us sit among the telegrams—clickety-click—the kaiser’s crown goes into the gutter and the Hohenzollern throne of a thousand years falls to pieces a one-hoss shay.

It is a fog night out and the umbrellas are up and the collars of the raincoats—and all the steamboats up and down the Baltic sea have their lights out and the wheelsmen sober.

Here the telegrams come—one king goes and another—butter is costly: there is no butter to buy for our bread in Stockholm—and a little patty of butter costs more than all the crowns of Germany.

Let us go out in the fog, John, let us roll up our raincoat collars and go on the streets where men are sneering at the kings.

in Smoke and Steel, 1922.

 

 

A l’ombre du palais

Quittons le brouillard, John, quittons la vaporeuse et persistante bruine des rues de Stockholm, rabattons les cols de nos imperméables, ôtons nos chapeaux et allons nous asseoir dans les bureaux des journalistes.

Asseyons-nous au milieu des télégrammes — clic-clic-clic — la couronne du Kaiser tombe dans le caniveau et le trône millénaire des Hohenzollern est une mécanique huilée qui s’effondre.

C’est une nuit de brouillard et les parapluies sont sortis et les cols des imperméables — et tous les bateaux à vapeur qui sillonnent la Baltique ont leurs lumières allumées et leurs timoniers sobres.

Voilà les télégrammes — un roi s’en va puis un autre — le beurre est cher : pas de beurre à mettre sur notre pain à Stockholm — et une petite motte de beurre coûte plus que toutes les couronnes du Saint-Empire.

Quittons le brouillard, John, retroussons les cols de nos manteaux et allons dans les rues où les hommes ricanent au nez des rois.

 

(traduction personnelle)