la solitude et le couteau

tambour haché solitaire
qui hurle tandis que des voix de femmes
des voix de femmes hachées solitaires
la lande et la lune le carnage des années et de l’herbe avide
carnage dans les corps — les femmes le chantent

hachées solitaires les femmes les voix
grand chœur qui monte partout et comme un amas de fourmis magnifiques
déploie sa chanson de colère et d’hiver noir
les femmes ont beaucoup filé
et puis ont jeté leur fuseau à la mer
elles ont formé un grand chœur et a retenti le
grand tambour haché solitaire
c’est une histoire rugueuse que celle du loup

une assassin des bas-fonds
en pleine ville je
tue lorsque l’horreur est trop grande pour les miennes
je tue lorsque ceux qui nous font travailler nous tuent chaque jour par milliers
et je crie avec mon corps et ma tête
la solitude et le couteau
le chant étendu
les rues aveugles de l’été
l’eau qui prend corps
nos vies sont toujours faites de chants de travail
et de colère