Sur une proposition de Laura Vazquez dans ses ateliers d’écriture.
c’est un jeudi, et on n’est pas
allées au travail
— on entend la pluie.
allées au travail
— on entend la pluie.
autour de nous il y a la grange
et la lumière grise qui traverse la grange
nous sommes allongées
nos corps sont des objets mouvants et pesants
c’est une chose dont nous sommes heureuses
nos muscles existent
nos muscles existent
il fait bon, il y a des tapis, de la terre
de grands fauteuils, un vieux canapé
tout sent le bois mouillé
les lampes sont allumées
nos douleurs ne sont nulle part
la pluie ouvre un monde au-delà de nous
elle nous fait savoir qu’au-dehors il y a des arbres
et qu’ils sont trempés et brillants
elle dessine dans l’espace un chemin noir
un ciel vaincu
un ciel ruminé
et puis des traces, des vestiges qu’elle trahit aussitôt et
laisse disparaître
et puis des traces, des vestiges qu’elle trahit aussitôt et
laisse disparaître
la pluie sème quelque chose et se retire
on n’est pas allées au travail
en silence nous laissons la pluie parler sa langue sourde
nous observons nos corps s’écouler entre tous ces murs
se taire, respirer les unes à côté des autres
familières des espaces qui nous séparent
sans même fermer les yeux
sans même s’être dévêtues