méfie-toi de tes doigts qui crissent la nuit
méfie-toi de la cendre qui retombe sur ton champ
méfie-toi de ce bijou qui te ment, de ce bruit noir qui trébuche
méfie-toi de ton visage
méfie-toi de ton miroir qui capte ton visage et qui le mange
méfie-toi de qui se baigne dans la mare au lever du jour
méfie-toi des souvenirs où rien ne pousse
détruis la lampe qui vacille encore là-bas —
fragmente
lave soigneusement ta nourriture
ne retiens pas tes mains
délivre les chevaux
car ils tournoient plus vite que ta langue
incante dans ton crâne une sorte de joie
loin hors d’ici
prends un souvenir triste et
tue-le
lave soigneusement ta nourriture
méfie-toi du vent d’ouest au bord du fleuve
méfie-toi des cafards, car ils tremblent
méfie-toi du sommeil, des cages, des valises, des zones, des amnésies
méfie toi de tout ce qui enclôt
tu vois, les grenouilles crépitent
dès qu’elles hésitent elles meurent
emportées dans le mouvement des grues, des gares, des avions
étoiles, hésitations, étoiles