solitaire cette nuit le grand loup
arpente l’horizon sèche
salue la forêt hasardeuse

la fuite est proche

sentier dents luisantes
les falaises se lancent à la poursuite des fleuves
voici le rocher voici le seigle
voici la grive couverte de sang
et voici la petite fille qui s’étonne

ces temps-ci hommes et sagaies se confondent
ils enterrent leurs proies en secret
jours de griffes et d’orage

tremblent les érables
(rumeurs outre) jours de déserts

les villes ne sont plus faites pour accueillir les éclairs
les villes sont secouées de petites bêtes amères
les villes sont tendues de cordes raides
nous n’aurons pas de remords pour le temps qui vient

et la forêt brûle
la fuite aveugle

solitaire le loup cette nuit
plus loin le sang
et la route