Tôt le matin on vient en grand silence
admirer des objets morts et dorés
et ce musée d’histoires anecdotiques est comme un hôpital
avec une odeur vieille de poussière et de bois
une vieille France rachitique entre y admirer des portraits de Louis XVI
tous quasi identiques
et des tableaux de batailles rangées des uniformes napoléoniens un berceau impérial des médailles de guerre la chaussette de Voltaire le pot de chambre de Proust des dés à coudre
horloges éreintées au son famélique et cassant
des automates du dix-septième
très entretenus
soigneusement abandonnés au soleil sale de novembre
nous silhouettes noires veillons sur ces cadavres
attentives à chaque craquement, chaque fantôme
gardiennes inregardées
précaires depuis peu ou
tranquillement rendues folles par des
années à répéter cet ennui
personne ne dort plus jamais