Les herbes s’avancent
vers la maison et l’envahissent sans oublier les recoins
les herbes
comblent les béances des ruines avec leur ombre
les herbes
asiles
les herbes au fil des lucioles et
on dirait qu’elles s’absentent parfois
les pierres longues et obscures
enfouies là
terre noire
terre-charbon terre-débris
et le parfum humide
voici épices et abeilles
la terre où enfouir nos ongles la terre
en friche
l’aube est encore lointaine
encore auxiliaire
(je ne parlerai pas des enclos fiévreux
mon ventre n’est bon qu’à dire la lande qui frissonne)
au loin on s’abreuve du vent et de la houle et
des lumières blafardes de la maison aux herbes
on se nourrit carnivores
toujours absent le reptile
S’entremêlent les branches du
sycomore et du hêtre
elles laissent entrer nuit et hiver
le froid dérange le dialogues des chouettes
Gardiens des vents
nos mains sont liées par les pluies
bleues comme litanies de cimetière
légères comme os sur écume
poignards sur le ciel sec
sur la dune les oiseaux dansent avec les morts,
sauvages contre les marées