elles régissent la nuit
ombres difformes sur les chemins
elles sont de passage dans toutes les maisons où naissent
les corbeaux
cherchant la chaleur près de vos feux de camp elles demeurent
à jamais glaciales
arrachées à la fièvre des nuits silencieuses
devenues immortelles à force de murmures
elles rôdent
honorent en silence leur devoir de Gardiennes des Pierres
les cheveux emmêlés par la lune
elles offrent aux arbres leur litanie sourde
adoucissant les pluies
ravivant le givre sous les érables
marquant la forêt de leur étreinte obscure
elles ne sont visibles qu’aux pendus
fragments du crépuscule sauvage
fugitives anonymes
tremblantes au milieu des loups
elles interrompent parfois leur deuil
pour boire aux sources
cueillent un peu de menthe
millénaires elles attendent l’oubli
guettent l’effacement
recroquevillées dans les troncs pourrissants
elles sont leurs larmes
leurs amantes attentives
et grinçantes